Pour vous vendre des choses, les Américains sont très forts !
Aux Etats-Unis, à partir du collège certains cous sont semestriels. C’est ainsi que mon fils, actuellement en classe de 5e, a commencé ses cours d’arts plastiques à l’école au mois de janvier.
Et quelques jours après le début des cours, il a ramené le nom d’un site web sur lequel nous devions nous inscrire pour voir ses « œuvres ». Nous nous sommes donc inscrits et jusqu’à présent nous n’avions eu aucune autre nouvelle du site. Jusqu’à ce que cette semaine je reçoive un mail du site m’indiquant que mon fils « has new Artwork ». Sur le site je peux voir son travail et je peux surtout acheter des objets à l’effigie de son travail : cela va du traditionnel mug et t-shirt au porte-clés, collier et bracelet, sac, décoration de noël au marque-page et même tablier… Tout y passe. Bien-sûr le site est très complet : vous pouvez trouver les « œuvres » d’autres personnes, inviter les grands-parents et autres membres de la famille à rejoindre le « fan club » de votre enfant (et dans ce cas ils reçoivent les mêmes mails et peuvent aussi dépenser à loisirs leur argent), etc.
J’imagine que l’école reçoit un pourcentage des ventes, et que c’est la raison pour laquelle elle a accepté de participer à cette opération. Il faut aussi dire que dans mon expérience, les parents américains (à l’image du citoyen américain) dépensent beaucoup plus facilement d’argent notamment pour acheter des babioles et souvenirs surtout si cela concerne leurs enfants. Ces deux raisons contribuent au succès de ce genre de sites qui marcheraient à mon avis beaucoup moins bien en France.
Autre exemple de connexions du commercial et de l’éducatif : un article paru fin janvier dans notre journal local intitulé « Snow-day sponsorship gives schools dough ». Il faut savoir que nous avons eu des mois de décembre et janvier particulièrement froids et avec beaucoup de neige (et de fermeture des écoles pour cause de chutes de neige). L’article commençait par :
« There is no business like snow (-closing sponsorship) business. Montgomery County students and parents woke up last Wednesday to a phone call […] calling off school for snow. Only this snow day came with a twist: the district’s online snow post had a sponsor. »
En lisant ces premiers mots, j’ai cru que l’article était critique ! Pensez-donc, un sponsor pour un jour de fermeture d’école pour cause de chutes de neige, ça ne peut être qu’une blague ! Mais détrompez-vous, l’article était tout-à-fait élogieux et louait l’ingéniosité des responsables de l’Académie pour avoir mis en place ce système de sponsorship avec une chaîne de pizza locale. Bien-sûr l’article soulignait les manques de moyens qui touchent les écoles un peu partout et les coupes budgétaires récents. Et l’Académie appelle tout autre commerce désireux de participer à ce type d’opérations de se faire connaître. Ils proposent par exemple de faire le même type d’opérations pour les jours de « early dismissal » c’est-à-dire les jours programmés où les élèves rentrent plus tôt généralement pour cause de réunions pédagogiques.
Je comprends tout-à-fait la problématique de manque de moyens. C’est finalement la même chose en France tout comme aux USA. J’ai encore un peu de mal avec ce mélange entre service public et le mercantile. Mais ce qui me choque plus c’est que le sponsor soit une chaîne de pizza. Le propriétaire / sponsor était cité dans l’article dans ces termes : « Pizza is fun. It’s one of those things where I really have never met anyone, unless they have a dairy intolerance, who did not love pizza. It’s a fun food, and kids love it. It’s just a win-win-win. » Moi, ce que je vois, c’est que même si manger de la pizza c’est « fun », ce n’est pas le repas le plu équilibré que l’on puisse proposer à un enfant. Bien-sûr chez moi nous en mangeons aussi (mais avec modération) ! Seulement le fait que l’école en fasse la promotion va pour moi à l’encontre de sa mission éducative.
Bien-sûr ces mélanges du commercial et de l’éducatif n’est pas nouveau pour moi. On le voit partout et tout le temps. J’en avais vu d’autres exemples à Baltimore. Cela fait partie de la culture américaine. Mais encore aujourd’hui cela me surprend à chaque fois. Le jour où cela ne sera plus le cas, on pourra probablement dire que je suis totalement intégrée !