les Média

Google, Facebook et compagnie : différence d’utilisation entre la France et les Etats-Unis

 

 

Site de Royal Gorge au Colorado : internet et Facebook sont partout !




Je fais partie de la 1egénération qui a vu l’arrivée d’internet. Je me souviens, lorsqu’au milieu des années 90 j’ai intégré ma Grande Ecole scientifique, on nous a expliqué fièrement que tous les élèves de l’Ecole avaient un accès libre et illimité à internet dans les salles informatiques, ce qui étaient un luxe à l’époque. Mais le contenu d’internet à ce moment-là, surtout les sites français, était très limité. Et en vérité j’en garde un souvenir très vague, car finalement comme la plupart des étudiants je ne m’en suis pas beaucoup servi, si ce n’est pour quelques exposés…

Plusieurs années plus tard, en 2005, j’étais enceinte de mon fils et j’ai dû rester plusieurs mois allongée. J’en garde un souvenir très mitigé… Evidemment je m’ennuyais beaucoup. La télé, je m’en suis lassée très vite. Alors je me suis tournée vers internet. Mais encore une fois, sur les sites francophones on trouvait très peu de contenu. Tout ça était très laborieux…

Puis est arrivé l’aire de « Web 2.0 ». Je ne suis pas une spécialiste de l’informatique mais on m’a expliqué qu’en gros, depuis ce moment, le lecteur est devenu acteur, il a eu la possibilité d’interagir avec l’auteur du site, de laisser des commentaires… Ca a aussi été l’explosion des blogs et sites personnels…

 

J’ai donc suivi le progrès d’internet en amatrice, de loin en loin. J’ai comme beaucoup de gens en France ouvert un compte Facebook mais assez tard, en 2009, bien après son arrivée en France, avec beaucoup de méfiance. On s’est en effet beaucoup moqué en France du côté « voyeur » et « narcissique » de Facebook. Voyeur parce que c’est bien connu, on va sur Facebook pour relooker les photos des autres, lire leurs statuts et récits narcissiques. Et narcissique aussi parce qu’on s’y met en avant et on affiche ses meilleures photos de vacances. Mais aussi parce qu’on guette les « like » et les commentaires de ses « friends ». J’ai mis encore plusieurs années avant d’afficher des photos (autres que ma photo de profile) et j’en ai jusqu’à récemment (jusqu’à notre départ aux Etats-Unis) fait un usage très modéré.

Avant de partir, on avait des centaines de questions : comment inscrire les enfants à l’école, quelles sont les horaires scolaires, y a-t-il des crèches, combien ça coûte, combien coûte l’accès internet-télé-téléphone portable, quelle est l’offre de location de logement, combien coûte une voiture, etc. etc.

N’ayant pas de famille proche aux Etats-Unis prête à nous aider dans ces démarches, on s’est mis à chercher sur internet. On y a trouvé beaucoup d’infos, qu’on a complétées en appelant les écoles, agents immobiliers, etc. On était très reconnaissant à internet de nous avoir permis d’anticiper les choses avant même être partis.

 

En arrivant aux Etats-Unis j’avais donc le sentiment de maitriser plutôt bien l’utilisation d’internet. J’avais tiré le meilleur parti de Google pour préparer notre départ. Quant à Facebook, je pensais que ça servait surtout à donner des nouvelles à la famille et aux amis (dans le meilleur des cas).

 

Mais une fois sur place je me suis vite rendue compte que les Américains font un usage mille fois plus perfectionné d’internet que les Français ! En fait pour être précise, c’est surtout lorsque nous sommes revenus en France que je me suis rendue compte, en creux, du retard français…

 

En effet, tout d’abord aux Etats-Unis on trouve tout sur internet. Quand on cherche une information, quelle qu’elle soit, on est sûr de trouver la réponse sur internet. La raison en est que les marques, commerçants, administrations, etc. absolument tout le monde a un site. A contrario en France il y a encore de nombreux petits commerces par exemple qui n’ont pas de site. Quand on cherche une info aux Etats-Unis, on peut donc la trouver directement sur internet, sur le site dédié.
Par ailleurs il y a de nombreux sites synthétisant les informations. Par exemple quand je cherchais les activités à faire en famille à une date donnée, dans un quartier donné (une information relativement précise donc), je trouvais l’info non seulement dans les rubriques ad hocdes sites des journaux locaux (Baltimore Sun par exemple) mais aussi sur les sites et journaux spécialisés, dédiés aux enfants. A contrario en France (et en particulier à Lille), je n’ai jamais pu trouver de façon systématique et exhaustive une information spécifique (par exemple les activités possibles en famille à Pâques à Lille). Et pour les informations récurrentes, je n’ai jamais pu les trouver systématiquement non plus.

L’information elle-même est beaucoup plus facile à trouver sur les sites américains comparés aux sites français. Un exemple parmi d’autres : aux Etats-Unis sur les sites des commerçants et fournisseurs (d’énergie, de téléphonie, etc.) que j’ai visité, « l’espace client », là où on se connecte à son compte, se trouve toujours en haut à droite. Alors que sur les sites français il n’y a aucune homogénéité : la 1e fois que je suis allée sur les sites de Free et de Numéricable, j’ai cherché de longues minutes avant de trouver l’onglet « espace client » perdu au milieu des autres onglets. Une perte de temps incroyable ! Je me demande si les marketeurs et web-designers américains se sont tous consultés (hautement improbable) ou s’il y a une sorte de logique et de pragmatisme qui les a poussés à mettre cet onglet en haut à droite ?

De même je trouve que les sites américains sont généralement plus maniables que les sites français. La recherche multicritères y est par exemple très développée. A contrario je me suis connectée il y a quelques jours sur le site d’une chaine de vente de jouets en France, où on pouvait choisir les jouets correspondant à une tranche de prix (plutôt malin). Mais  j’ai vite déchanté car les tranches se déclinaient à peu près en « moins de 10€, de 10 à 20 €, … » or je cherchais un jouet de moins de 50€. Du coup j’ai dû relancer la recherche 5 fois ! Alors que sur les sites américains on peut souvent cocher plusieurs cases (par exemple les 5 premières cases de sélection de prix, de 0 à 50€). Et ça change tout !

Autre chose : les sites américains vous mâchent le travail. La même info est classée sous plusieurs catégories, de sorte qu’on puisse la trouver quelle que soit la modalité de recherche. Alors qu’en France l’information livrée n’est pas finie, il manque un travail de synthèse que vous devez faire tout seul (vous l’internaute, multiplié par des centaines ou milliers de personnes qui se connectent pour rechercher cette même information).

Enfin les sites américains (et pas que les sites commerçants) sont proactifs. Je suis par exemple encore inscrite sur le site de DMV (l’équivalent de la préfecture) de Maryland et je reçois leur newsletter. En prévision du blizzard de ces derniers jours j’ai reçu une information indiquant que cette administration serait fermée vendredi 22/01. Puis une mise à jour sur la fermeture de samedi 23/01. Ainsi que des informations sur le probable surcroît de fréquentation de la semaine suivante et un rappel des meilleurs horaires pour venir sans tomber sur la foule ! A contrario j’ai cherché l’horaire d’ouverture de la section « permis de conduire » de la préfecture de Lille. Or on était renvoyé de lien en lien pour finir sur la page de départ dans un cercle vicieux, sans obtenir de réponse. Pourtant c’est une information qui a existé sur leur site (je l’avais vu en début d’année dernière) mais qui lors d’une récente mise à jour du site a apparemment été supprimée. J’ai trouvé l’information sur un autre site et faute de mieux, je m’y suis fiée. Or une fois arrivée sur place (pendant les horaires de bureau forcément, en prenant 2 heures de congé…), j’ai constaté que l’info était fausse et que le guichet était fermé.

Quant à Facebook, depuis notre séjour aux Etats-Unis, je me suis rendue compte que c’était un site fait par les américains, pour les américains ! En effet, comme je l’ai déjà évoqué dans divers articles par le passé, les communities sont très importantes aux Etats-Unis. Autrement dit chaque individu fait partie de plusieurs cercles ou groupes avec lesquels il interagit très régulièrement. Or Facebook permet la création et la gestion de « groupes » et chaque personne avec son compte Facebook peut participer à plusieurs groupes. Ceci ajouté à l’utilisation décomplexée que font les Américains d’internet (et de Facebook en particulier) fait que Facebook facilité en partie l’organisation de la vie sociale.

 

J’ai par exemple mentionné le groupe Facebook des mamans de mon quartier à Baltimore qui était très actif. Ce groupe (dont je suis restée membre) permet régulièrement d’organiser des évènements, grâce aux pages Facebook, évènements parfois très ponctuels, qui sont rapidement et facilement partagés avec tous les membres. J’ai ainsi été prévenue ces derniers jours de l’organisation d’une bataille de boules de neige (suite à la tempête de ces derniers jours) entre les deux quartiers Hampden (mon ancien quartier) et Charles Village (un quartier voisin) au parc du coin, samedi et dimanche de cette semaine. J’ai aussi pu voir a posteriori les photos de cet évènement très ludique. Je ne connais pas de moyen plus rapide et facile d’organiser au dernier moment ce genre d’évènements. A contrario, lorsque nous sommes rentrés en France début 2015, j’ai voulu créer le même genre de groupe sur Facebook. Mais la plupart des personnes que j’ai contactées (en général les parents d’élèves des écoles de notre quartier) m’ont dit soit qu’ils n’étaient pas sur Facebook (avec un air légèrement dégouté, rappelant l’image « voyeur » et « narcissique » dont bénéficie encore aujourd’hui Facebook en France), soit plus largement qu’ils n’avaient pas le temps de s’investir dans une vie de quartier…

 

 

Pour compléter ce propos je tiens à dire que bien-sûr il y a aussi un côté « m’as-tu vu » sur les pages personnelles Facebook aux Etats-Unis (ici comme là-bas on profite aussi de FB pour mettre ses photos de vacances et étaler son bonheur, un peu !), mais Facebook ne se résume pas qu’à ça. C’est aussi un outil qui permet d’animer la vie sociale, et je trouve cela très utile.

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