Traits culturels

Comment les français sont-ils vus par les américains (2e partie)

 

Suite …

 

      – « Les Français (en général) et les petits français (en particulier) mangent plus sainement. »

          o Mon commentaire : j’ai déjà parlé de la pause déjeuner à l’américaine et des aliments servis à la cantine à l’école et je pense que c’est vrai : globalement on mange plus sainement en France qu’aux Etats-Unis.



A noter : le livre que j’ai cité dans le 1e post (French Kids Eat Everything: How Our Family Moved to France, Cured Picky Eating, Banned Snacking, and Discovered 10 Simple Rules for Raising Happy, Healthy Eaters par K Lebillon) et les articles sur le sujet idéalisent ce que mangent les enfants à la cantine en France. Autant que je me souvienne, en France on parle généralement de la cantine sur le ton de « peut mieux faire ». Je connais même des gens qui prennent un air dégoûté quand ils parlent des cantines. Et c’est vrai qu’on ne trouve pas toujours des produits d’une excellente qualité (une image me vient par exemple à l’esprit : les haricots verts dégoulinant d’eau…) Et pourtant, la cantine française a très bonne presse ici (auprès de ceux qui s’intéressent au sujet), en particulier parce qu’elle propose entrée – plat – laitage et/ou dessert alors qu’ici c’est généralement plat – dessert. (vous pouvez aussi lire à ce sujet)


« Les petits français sont bien élevés, polis. » (si cela vous intéresse lire à ce sujet)


o Mon commentaire : ce commentaire me laisse généralement perplexe. Non seulement parce que les enfants français aussi font des crises et des caprices, mais aussi parce que ce que les américains mettent derrière ce constat inclue aussi généralement :


§ Les parents américains sont des parents poules et pas les français : Personnellement je me considère une maman-poule (pour le meilleur et pour le pire !) et supposer que je ne le suis pas parce que j’exige le respect des autres et des valeurs de la part de mes enfants me gêne.


§ Les français se sentent légitimes pour prendre régulièrement du temps pour eux sans leurs enfants : ce qui me gêne, c’est une sorte de reproche que referme ce … Est-ce que l’enfant est plus heureux quand il a en permanence ses parents à proximité ? (d’ailleurs il est intéressant de noter que parent-poule se dit ici be a helicopter parent).


§ Je dois ajouter que d’après mon expérience, la plupart des parents américains sont TRES à l’écoute de leurs enfants (ils négocient par exemple beaucoup là où je crois que nous finissons plus rapidement par instaurer/rappeler la règle) mais en même temps je suis étonnée par le peu de tolérance vis-à-vis du chahut des enfants. J’ai par exemple l’impression que le diagnostic de « l’hyperactivité » est plus facilement posé ici qu’en France.


§ Enfin j’ai l’impression que tous (parents, professeurs, professionnels de la santé, etc.) attendent plus des enfants sur le plan des apprentissages scolaires, et ceci pour des enfants plus jeunes que ce qui est attendu des petits français. C’est un peu comme si les français savaient que leurs enfants vont évoluer / grandir / s’améliorer émotionnellement et intellectuellement et se donnaient plus pour mission de les accompagner / éduquer / exiger d’eux.

Alors que les américains seraient plus admiratifs du petit être quasi parfait qu’ils ont devant eux et seraient plus déroutés et déçus de ses imperfections. Mais ce n’est que mon avis !


« Les Français ne travaillent pas beaucoup, prennent beaucoup de vacances, etc. »

          o Mon commentaire : je pense que ce « constat » est généralement fait pour un emploi salarié de type bureau. Si c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est faux ! Sincèrement, si on ne se concentre que sur la moyenne (en excluant les travailleurs américains ou français très dévoués à leur emploi, quel qu’en
soit la raison), je pense que les américains travaillent surtout différemment des français. Certes il n’y a pas beaucoup de congés ici mais la journée de travail est généralement plus courte et surtout les frontières de la vie privée et de la vie professionnelle sont plus floues.


« Les Français ont beaucoup d’aides financières de leur gouvernement. »


o Mon commentaire : c’est à la fois vrai et faux. C’est vrai que les plus bas salaires ont différentes aides et allocations en France. Et c’est vrai que tout le monde bénéficie de la Sécurité Sociale sur le plan de la santé (même si ce n’est pas totalement « gratuit » et qu’elle est en partie financée avec les impôts et les prélèvements sur les salaires). Mais aux Etats-Unis aussi des aides aux plus bas salaires existent (par exemple un système de voucher pour participer financièrement aux frais liés à la garde des enfants pour les parents qui travaillent à bas salaire ou une aide pour la cantine des enfants, le tout sur conditions de ressources, ainsi que des réductions d’impôts pour les contribuables américains pour les sommes dépensées pour la garde d’enfant par exemple). De même certains employeurs (pas tous) paient l’assurance santé de leurs employés. Et puis d’une manière générale, les salaires sont plus hauts ici qu’en France. D’ailleurs dans certains métiers ces différences sont tout-à-fait spectaculaires. Les enseignants-chercheurs à l’université sont par exemple payés 3 à 4 fois plus ici qu’en France.


Mais au-delà de ces batailles de chiffres, je pense qu’il faut retenir que la France et les Etats-Unis ont des ambitions différentes en matière de la correction des inégalités. La France (le pays de liberté, égalité, fraternité) tente de corriger les inégalités dues à l’argent. Alors que les Etats-Unis (le pays de la liberté et de l’égalité des chances) cherche à respecter les différences individuelles et à corriger en particulier les inégalités liées au handicap. On assiste donc à un plus grand respect de la personne handicapée et à des moyens énormes mis en place pour corriger les handicaps, mais aussi à un respect de toutes les religions, ou encore la présence systématique de traducteurs dans les administrations et à des traductions disponibles dans une 10aine de langues.


De mon côté, en plus de la relative indifférence des Américains envers les Français, j’ai corrigé deux de mes idées
reçues à propos des Américains :


« Les Américains sont cool au volant. »


o J’ai déjà raconté nos mésaventures sur la route ici. En fait il y a autant de gens énervés au volant ici qu’en France (si ce n’est plus !). Par contre il y a un plus grand respect du piéton. On s’arrête plus systématiquement et on leur laisse plus d’espace pour traverser.


« L’école est beaucoup plus ludique qu’en France. »


o En fait il n’en est rien. Non seulement il y a des devoirs à la maison dès la 1e année de l’école (en Kindergarten, équivalent de la dernière année de la maternelle), alors qu’en France les devoirs à la maison commencent en CP. Et même en structure privée de type crèche on apprend dès 3 ans aux enfants de compter, écrire et lire jusqu’à 10 et on commence à leur apprendre l’écriture et la lecture de l’alphabet. Et j’ai plusieurs fois vu lors des évaluations neuropsychologiques à l’hôpital que lorsqu’un enfant ne connaît pas bien l’alphabet à 4 ans, on donne une alerte aux parents ! Selon mon expérience, ce n’est absolument pas le cas en France.


N’hésitez pas à ajouter d’autres éléments à cette liste ou à amender celle-ci !



6 Comments

  • Carine

    Je pense que bien que proche il y a un fossé énorme entre la France et les Etats Unis la liste est longue Ted Stanger a écrit des livres amusants à ce sujet de même que Bill Bryson. Les différences sont nombreuses : inimaginable de demander à un français combien il gagne ? inimaginable d'arriver chez quelqu'un et se servir dans le frigo, inimaginable pour un américain passer des heures autour d'une table à refaire le monde…..

  • Todd

    Bonjour Sepideh. My comments will be on the "parenting". The current American style of parenting has largely arisen in the last 30 years – at least to this extreme – "helicopter parent" ; continuous praise ("awesome") ; hesitancy to set limits, not enough consideration of others, etc etc. And as you have noted, the teachers at school do it too – which initially can seem very positive to alot of French expatriates. However, it is a bit too much and the result has been (I am guilty!) the increased "fragility" of young adults. When you have been told, from age 2 to 18 that everything you do is "awesome", then when you get a "B" or a "C" in college, sometimes these kids get very depressed /upset. Or simply change "majors" because they got one "B" (also the pressure of high cost of education and the need for the "payoff" of being successful). In the last 30 years or so, we have raised a generation that is a little too narcissistic (not to exaggerate too much , but it is definitely there). It would be healthier to have a stronger, more balanced personality. Of course, at school there is likely a happy medium somewhere between the encouragement of the American way and the "red pen" of the French way. Need a little of both.

    As for getting kids to eat right, I vote for the French approach to food! But that means the adults too- and whole culture has to change. Not so easy- but I do think (at least for the middle class and above) its getting better.

  • Azadeh

    Très intéressant, notamment la comparaison égalité/égalité des chances…

  • SuperSepideh

    Bonsoir Azadeh,

    merci, cette comparaison m'a semblé éclairer pas mal de différences de politiques publiques entre la France et les États-Unis.
    A bientôt!

  • SuperSepideh

    Hi Todd,

    This is very interesting because obviously I can’t compare with what parents used to be some years ago… Thank you for sharing this with us!

  • SuperSepideh

    Bonsoir Carine,

    Je ne connais pas les livres que vous citez, mais je pensais plus à quelque chose de vécu… c’est vrai qu’il est inimaginable de demander à un français combien il gagne, mais ce n’est pas beaucoup plus facile d’aborder ce sujet avec les américains, à moins d’être intimes (tout décomplexé qu’ils soient…) ! Quant à « refaire le monde », je pense qu’on peut bien le faire avec les américains… enfin tout dépend ce qu’on met derrière cette expression. C’est tout l’intérêt de vivre les choses de l’intérieur, on peut mieux démêler le vrai du cliché…

    A bientôt !

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