Traits culturels

Ce qui continue à me surprendre aux Etats-Unis

Ce séjour de deux mois à Colorado Springs cet été a été intéressant à bien des égards. Non seulement cela a été l’occasion de passer de belles vacances dans une région très agréable et de renouer le contact avec les USA, sa langue et sa culture (en particulier pour mes enfants), mais cela nous a aussi permis de revenir sur notre expérience américaine de 2014 et de rejauger à tête reposée ce qu’on avait aimé ou pas aux USA, surtout faire le point sur ce qui définitivement nous surprend ou même nous déplait aux Etats-Unis. En voici une petite liste :

 

 

– le 1e et le plus gros inconvénient des Etats-Unis reste à mes yeux la question des armes à feux. Je n’arrive pas à m’y faire et je crois que j’aurai toujours une appréhension des armes lorsque j’y serai.

 

 

 

Récemment les médias français ont parlé de la fusillade à Oregon Community Collège. Rappelez-vous : le 1e octobre dernier un type de 26 ans a ouvert plusieurs salles de cours méthodiquement et tiré sur les occupants des salles, tuant 9 personnes et blessant 7 autres. Ce qui est étonnant (et tient à des choix journalistiques qui m’échappent) c’est que finalement il y a régulièrement des blessés et tués par arme à feux, notamment dans les Universités américaines : à ce jour on dénombre 10314 tués et 20918 blessés par balle aux Etats-Unis en 2015. Quand nous interrogeons des Américains sur ce danger potentiel, ils répondent en général que certes ce danger est réel, mais que finalement il y a moins de tués par arme que sur la route. Je n’ai pas vérifié les chiffres, c’est surement vrai. Mais je me méfie toujours de ces comparaisons qui ont pour objet de relativiser un danger réel (comparer le nombre des accidents aériens avec ceux de la route, etc.) et réduire par une vue de l’esprit le sentiment de danger en le comparant à un danger supposément plus grave…

 

 

 

Et j’ai un sentiment de danger plus aigu lorsque je croise des individus obtus et mal lunés aux Etats-Unis par rapport à la France : j’ai l’impression qu’à tout instant ils pourraient sortir leur arme et me tirer dessus (moi ou même ma famille). Et c’est encore arrivé cet été : dans un hypermarché, le type derrière nous dans la file d’attente à la caisse avait l’air de s’énerver parce que mes enfants chahutaient un peu et on n’avançait pas assez vite à son goût. Cela arrive aussi en France, mais là on voyait distinctement l’arme que portait ce monsieur à sa ceinture. Ajoutez à cela le fait qu’on parle en français entre nous, ce qui réveille parfois la xénophobie des plus radicaux … Ce monsieur nous a fait une remarque désagréable, en finissant sa phrase par un “welcome in America!” ironique. J’avoue que ma réponse n’a pas été aussi virulente que cela aurait pu (et dû !) être, si je ne ressentais pas la crainte peut-être absurde qu’il ne nous attende au parking pour nous tirer dessus.

 

 

 

C’est aussi avec un sentiment de surprise mêlé de dégoût que j’ai vu derrière un magazine gratuit grand public à Colorado Springs une pub pour un centre de tir très “familial”, avec forfaits spécial vacances et autre “lundis spécial copains”, “mardis nuits de couples”, “mercredis avec séance de tir gratuit pour tout enfant accompagné d’un parent” et “jeudis journée des femmes” :

 

 

 

http://www.magnumshootingcenter.com/

 

 

 

 

Le 1e degré et le politiquement correct : cet été il a été question d’un lexique publié depuis 2013 sur le site web de l’université de New Hampshire, appelé “bias free language guide“. Ce “guide” était censé encourager la diversité et “l’inclusion” de tout un chacun dans la communauté universitaire mais il a été retiré cet été du site de l’université. La raison en était qu’un site internet avait relevé que ce guide conseillait d’éviter le mot “America” (pour désigner les USA) dans la mesure où cela aurait un côté colonialiste de la part des Etats-Unis qui s’attribuent le nom de tout un continent, au détriment de leurs voisins Sud-Américains. Ce débat n’est pas nouveau et je l’avais déjà vu sur d’autres sites, déjà lors de notre séjour aux Etats-Unis en 2014. Cependant, l’affaire ayant fait grand bruit (notamment grâce à Fox News), l’Université de New Hampshire a préféré éteindre l’incendie et a retiré le guide de son site, tout en réaffirmant ses valeurs de “diversité” et d’ “inclusion”.

 

 

 

Il n’est pas facile de savoir où placer le curseur. Le débat existe aussi en France sous la forme de “peut-on rire de tout?” Il n’y a pas de réponse facile et tranchée à cette question, mais à l’évidence les Américains mettent le curseur plus haut que là où nous avons l’habitude de le placer en France.

 

 

 

 

Virulence et jusqu’au-boutisme de certains commentateurs politiques : on dit en général que les commentateurs et observateurs de la vie politique en France sont trop complaisants et pas assez tenaces, contrairement aux anglo-saxons. Mais certains commentateurs de la vie politique américaine, en particulier à la télé m’ont souvent mise mal à l’aise.

 

 

 

Il y a bien-sûr les présentateurs de la chaine Fox News. Avec mon mari nous avons régulièrement regardé cette chaine le soir, une fois les enfants couchés, avec curiosité. Venant de la France, ce pays “socialiste” (dans le sens négatif voire péjoratif de ce terme chez les Américains) nous avons comme beaucoup de nos compatriotes tendance à nous sentir plus proches des Démocrates que des Républicains. Et cette chaine d’information continue, temple des Républicains nous a souvent mis mal à l’aise de par ses commentaires caricaturaux et son côté “matraquage” des messages diffusés. Cet été les deux sujets de discussions favorites de la chaine étaient Hilary Clinton, potentiellement “délinquant” (à cause de l’affaire des emails inlassablement rabâchée et décortiquée par de nombreux experts sur la chaine…) et Marilyn Mosby, la procureure de Baltimore qui avait envoyé des policiers en avril devant la justice (suite à la mort de Freddie Gray et des émeutes qui en avaient suivis), accusée de légèreté, de carriérisme et d’opportunisme. Les propos étaient souvent outranciers et tous les faits à charge…

 

 

 

Mais certains commentateurs sur d’autres chaines, sans aller forcément dans les mêmes excès que Fox News,  s’adonnaient au même décorticage minutieux et quasi obsessionnel de la vie politique. C’était le cas par exemple de la commentatrice politique Rachel Maddow sur msnbc, qui anime tous les soirs un show du même nom.

 

 

 

Soyons clair : venant de la France, nous n’y sommes pas habitués et sommes souvent mal à l’aise devant le côté obsessionnel et sans concession des messages diffusés, différents selon les chaines et les commentateurs.

 

 

 

 

Affichage des noms et adresses des personnes ayant été condamnées pour agression sexuelle: en tant qu’individu (et en particulier mère) je peux comprendre l’envie de se protéger contre les individus potentiellement malfaisants, et instinctivement je me protégerais, moi et les miens, plus de quelqu’un qui a déjà commis des crimes qu’a priori de quelqu’un qui n’en a pas commis. Mais en tant que citoyenne je reste mal à l’aise face à la diffusion des noms et adresses des personnes condamnées et ayant fait de la prison, comme c’est le cas sur certains sites internet. De plus je ne sais pas quel usage font généralement les Américains de ces informations, personnellement je les trouve extrêmement anxiogène !

 

 

 

 

 

 

 

Marijuana: il s’agit là d’un étonnement local, en rapport avec notre séjour cet été à Colorado Springs. En effet, la marijuana récréative a été légalisée aux Etats-Unis dans 4 Etats : Oregon, Washington, Colorado et Alaska. Nous avons croisé des magasins de vente et des pages de pubs dans des journaux locaux. Le sujet ne nous intéressait pas vraiment, cependant le caractère inhabituel de ces pubs a été un sujet de curiosité pour nous.

 

 

 

 

 

 

 

le principe de précaution poussé à l’extrême : j’ai déjà parlé dans un article de 2014 du principe de précaution à l’américaine, parfois poussé jusqu’à l’absurde. Cet été encore nous avons eu un exemple du formalisme par lequel est accompagné ce principe de précaution aux Etats-Unis. En effet, les piscines publiques de Colorado Springs sont gérées par YMCA, pour le compte de la ville, ce qui n’était pas le cas à Baltimore. Je rappelle que YMCA (qui s’appelle maintenant Y) a beaucoup évolué depuis la chanson des Village Peopleet qu’aujourd’hui cette association propose en particulier de nombreuses activités sportives dans de nombreuses villes américaines.

 

 

 

 

 

Yavait donc mis en place des procédures très rigides dans la fréquentation des piscines à Colorado Springs (bien plus rigides qu’à Baltimore où la ville gérait directement ses piscines). En particulier tous les enfants devaient porter au poignet un bracelet de couleur, distribué au moment de l’achat du ticket, en fonction de leur âge, limitant fortement leur autonomie dans les grands bassins. Mon fils aîné qui aurait dû avoir un bracelet de couleur jaune (intermédiaire) de par son âge, mais qui nage bien et est autonome, a dû passer un petit examen dans l’eau pour pouvoir obtenir le bracelet vert… Les enfants avaient interdiction formelle de courir autour de la piscine (même un petit peu!) alors que le pourtour en ciment des piscines extérieures étaient secs et séchaient vite au soleil et ils ne devaient pas trop chahuter dans l’eau, sous peine de devoir sortir. Enfin toutes les heures une sonnerie retentissait, obligeant tout le monde à sortir de l’eau afin de vérifier … à vrai dire je ne sais pas trop quoi, peut-être vérifier que personne ne gisait au fond de la piscine ?! Les piscines de Colorado Springs étaient très agréables, mais nous nous sommes sentis un peu trop contraints par ce règlement strict jusqu’au dernier jour.

 

 

 

 

 

 

 

le prix “juste” chez un même marchant : c’est un vaste sujet sur lequel je reviendrai dans un prochain article. Disons simplement qu’en plus des soldes qui courent quasi toute l’année, il y a de nombreuses opérations de promotion qui font que deux personnes différentes peuvent payer pour le même objet (ou service) des prix totalement différents au même instant, un peu comme ce qui se passe depuis quelques années lors des trajets en avion (vous savez : votre voisin dans l’avion peut très bien avoir payé sa place 30% de moins que vous selon le site et le moment où il l’a acheté…) Du coup acheter devient un peu un sport (dénicher la bonne affaire, identifier le bon moment, trouver le bon ticket de réduction …), surtout si pour certains achats on a à cœur de payer le meilleur prix !

 

 

 

 

 

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