Accès à la médecine, en France et aux Etats-Unis
Je souhaite comparer ici la prise de RV et la consultation chez le médecin en cabinet privé entre la France et les Etats-Unis. Je ne parle ici que de ce que je connais : une famille qui bénéficie de la Sécurité Sociale + une mutuelle en France et d’une mutuelle santé aux Etats-Unis.
La 1e fois où j’ai appelé un médecin (ou plus exactement le secrétariat d’un médecin) aux Etats-Unis, c’était moins d’un mois après notre arrivée.
Mon mari était parti en France (comme il l’a fait par la suite à un rythme mensuel) et j’étais seule dans un pays étranger, avec 4 enfants, en plein hiver (avec une tempête de neige). Et pour couronner le tout, du fait d’un enchainement d’évènements, je devais réaliser seule l’achat d’une voiture que nous avions repérée ensemble avec mon mari. Je me sentais donc un petit peu dépassée par les évènements…
Ce jour-là j’ai appelé le secrétariat d’un médecin qu’on m’avait recommandé (parmi d’autres) car mon fils de 6 ans était malade et avait très mal à la tête depuis 2 jours, sans que le paracétamol fasse effet.
J’ai eu une secrétaire au téléphone et j’ai formulé ma demande de RV. Elle m’a posé beaucoup de questions, d’état civil, d’antécédentes médicaux et de la race de l’enfant, etc. ainsi que la raison de l’appel. Et elle m’a dit que le médecin me rappellerait.
Environ 40 minutes après, le médecin (qui par la suite est devenu le pédiatre de mes 4 enfants) m’a rappelée. Il a passé plus de 20 minutes au téléphone avec moi, en me posant des questions, très gentiment, sans me presser, et en écoutant mes réponses. J’avoue qu’étant donné les circonstances (arrivée récente dans le pays, émotion du moment) mon anglais était d’un niveau très moyen, et j’ai dû lui faire répéter la plupart de ses questions, qu’il répétait très gentiment ou qu’il reformulait.
Etant donné le mal de tête persistant, apparemment il craignait un cas de méningite car il m’a posé des questions sur la photosensibilité, la raideur de la nuque, etc., symptômes que mon fils ne présentait pas. Et finalement il m’a donné RV le jour-même, pour l’heure suivante.
Ce médecin, que nous avons continué à consulter tout au long de notre séjour, a toujours été très disponible, à l’écoute et joignable. Bien qu’ayant 2 nurses et 2 secrétaires dans son cabinet privé (comme c’est assez courant là-bas) et bien qu’étant très pris puisqu’en plus de sa pratique en cabinet privé il intervenait à l’hôpital de University of Maryland, par 2 fois il nous a appelé personnellement les samedis matin pour nous informer de résultats d’examens de laboratoire qu’il avait fait effectuer et qui selon lui méritaient discussion. Je sais par d’autres mamans qu’il était aussi joignable le soir et le WE, en alternance avec d’autres confrères dans des cabinets privés avec qui il avait mis en place un système de garde. Et par dessus tout, il ne pratiquait pas de prix scandaleusement élevé (selon les fois et les examens pratiqués, il nous a facturé entre $80 et $150).
J’ai globalement trouvé les médecins faciles d’accès et compétents aux Etats-Unis. Certes pendant notre séjour il a été parfois difficile d’avoir un RV chez le médecin mais la raison était notre assurance française qui s’est révélée non adaptée au contexte américain (j’en ai déjà parlé dans d’autres articles). Mais en dehors de ce problème, il a été et il est très facile d’avoir des RV chez le médecin (comme d’autres français installés aux USA le confirment, comme je l’ai lu sur d’autres blogs). Et les consultations sont généralement de très bonne qualité.
Retour en France …
Depuis notre retour, j’ai eu besoin de prendre des RV chez le pédiatre, le médecin traitant / généraliste, et quelques spécialistes. Mon regard sur la médecine en France a en partie changé à la lumière de notre expérience américaine dans la mesure où ce que je prenais avant comme des défauts inhérents à la médecine et aux médecins s’est révélé être plus particulièrement des défauts français. En effet il me semble que :
– il est très difficile d’avoir un RV chez les spécialistes. Obtenir un RV chez le spécialiste, même pour un enfant, même lorsqu’on présente une lettre d’un autre médecin (exemple : chez l’ophtalmo, avec une lettre du pédiatre), prend au minimum 2 mois. Pour peu que vous ayez un problème relativement urgent, vous êtes coincé! En général la secrétaire du médecin vous “conseille” alors d’aller à l’hôpital… C’est évidemment un très mauvais conseil, car si vous appelez un hôpital pour prendre un RV “régulier”, les délais d’attente sont encore plus longs (puisque l’hôpital ne pratique pas les dépassements d’honoraire…). Par contre si vous allez aux urgences, bon courage! Vous allez attendre plusieurs heures avec des gens qui ont probablement des problèmes plus urgents et plus graves que vous, dans un service débordé.
– même sans aller jusqu’à la prise de RV, il est assez difficile de joindre les médecins, par exemple au téléphone. En général les secrétaires font un barrage très soutenu et on se retrouve facilement assez démuni, avec son problème, à attendre plusieurs jours ou semaines en attendant la consultation chez le médecin.
– Enfin les médecins disent assez (trop) facilement “je ne sais pas” ou “c’est vous qui voyez”. Je n’encourage pas les médecins à avoir réponse à tout, un médecin qui penserait savoir tout sur tout est évidemment suspect. Mais un médecin qui vous laisse en plan avec votre problème, sans chercher une réponse, sans vous orienter vers un confrère de façon réfléchie (et pas comme quand on refile une patate chaude au voisin) est malheureusement un cas plus répandu qu’on ne le croit.
Peut-être le fait d’habiter à Lille contribue à “empirer” les choses. Je sais d’expérience (pour y avoir habité pendant plusieurs années) qu’il est un peu plus facile d’avoir des RV médicaux en région parisienne. Cela dit, Lille est une grande ville et n’est pas un “désert médical” comme cela peut-être le cas de certaines zones rurales par exemple.
Pour résumer je dirais donc que d’après mon expérience l’accès à la médecine et aux médecins est plus facile, rapide et de meilleure qualité aux Etats-Unis qu’en France.
Encore une croyance que je partageais avec mes compatriotes (sur “l’excellence de la médecine en France”) qui tombe en morceaux!