Etre ou ne pas être touriste
J’ai toujours aimé voyager et découvrir d’autres pays, paysages et cultures. Forcément, ça a commencé tôt : premier voyage à l’international à 6 ans avec mes parents (séjour de 6 mois aux Etats-Unis), puis divers voyages de tourisme, avant de voyager (et émigrer) en France à l’adolescence. Les voyages ont ensuite continué (en particulier dans l’autre sens, vers l’Iran).
Une fois entrée dans la vie active, j’ai voyagé pour le travail (pour participer à diverses réunions et conférences pour l’entreprise qui m’employait) ainsi que pour le plaisir.
Avec mon mari on a fait un peu de camping au tout début, vite abandonné. La raison en était double : j’ai découvert que je suis allergique aux piqûres d’insectes (très embêtant en camping !) et je n’ai jamais été très fan des sacs de couchage (j’ai un sens du confort assez poussé !). Cela ne nous empêchait pas de sortir des sentiers battus, nous n’avons jamais trop affectionné les voyages organisés ni les voyages sédentaires, passant plusieurs jours au même endroit. Nous étions plutôt adeptes de circuits concoctés par nos soins, changeant quasi tous les jours d’endroit et découvrant les pays par la route.
Nous sommes tous les 2 d’accords pour dire que le voyage le plus dépaysant pour nous a été celui que nous avons effectué au Japon (en 2004) : non seulement la culture de ce pays était assez éloignée de ce que nous connaissions l’un et l’autre, mais en plus à cette époque-là nous avions rencontré beaucoup de japonais qui ne parlaient pas l’anglais (ou n’osaient pas trop se lancer dans une langue qu’ils estimaient ne pas parfaitement maitriser). Forcément communiquer dans ces conditions devient vite un problème, d’autant plus qu’on ne peut pas trop s’appuyer sur l’écrit non plus (puisque peu de panneaux et indications étaient écrits en lettres romaines).
Cependant notre façon de voyager a évolué au cours des ans. En effet nous tenions à emmener nos enfants dès petits avec nous dans nos voyages. Or autant un bébé est malléable (contrairement aux idées reçues), autant les enfants entre 3 et 7 ou 8 ans sont plus exigeants… Nous sommes donc en pleine phase où ils ont leur avis sur tout et sont plus intéressés par les activités en particulier nautiques que par les visites culturelles… Sans parler de leur seuil de fatigabilité assez bas, ce qui nous a beaucoup sédentarisés dans nos voyages (il n’est plus question de rouler quasi tous les jours pour changer d’endroit et découvrir le pays).
Nous nous adaptons de bonne grâce à leurs « exigences » et limites, contents de les avoir avec nous et conscients que cela ne durera qu’un temps… Nous sommes donc devenus des touristes plus « traditionnels ». Mais même lorsqu’on avait toute liberté et tout loisir de sortir des sentiers battus, je ne me suis jamais considérée comme autre chose que « touriste ».
Or on sent que pour certains et de plus en plus, le mot « touriste » est à bannir, presqu’un gros mot. Je vois beaucoup (et de plus en plus) de gens qui estiment ne pas être des touristes et ne veulent pas être appelés ainsi !
Mais comment appeler alors des gens qui déambulent dans une ville (ou un village ou une contrée) pendant la journée, s’offrant le luxe de ne rien faire d’autre que de visiter (au lieu de travailler ou vaquer aux occupations du quotidien) ? Evidemment je ne conçois pas le tourisme autrement qu’en m’intéressant à la culture et l’histoire d’un pays. Même avec de jeunes enfants qui ne pensent qu’à s’amuser on peut parler un minimum de ce qui fait l’identité de l’endroit où ils se trouvent. Je n’ai d’ailleurs jamais compris les gens qui veulent retrouver tous leurs repères dans le pays où ils vont (que ce soit en tant que touriste ou que ce soit en tant qu’expatrié). J’ai par exemple appris avec surprise qu’une certaine catégorie de touristes allemands fait venir jusqu’à sa nourriture dans ses lieux de villégiature en Espagne… Mais soyons réalistes : il n’y a que les touristes (même ceux qui se parent d’une certaine coquetterie en refusant d’être appelés touristes) pour se demander où vont les « locaux » pour prendre un verre. Lorsqu’on va vivre dans un pays (comme ce fut mon cas en arrivant en France ou aux Etats-Unis), la première question qu’on se pose ce n’est pas où prendre un verre, mais où acheter du pain ou comment inscrire les enfants à l’école !
Pour ma part, quand je fais du tourisme je l’assume sans honte ! Car on peut être touriste et ne pas « faire » tel ou tel pays ou lieux touristiques (en les cochant sur sa « to-do list ») mais on n’en demeure pas moins touriste !