Traits culturels

13 traits culturels des Américains

 



J’ai déjà évoqué certains de ces traits dans d’autres articles : « Mots, concepts et attitudes » et « Pourquoi je fais le choix éclairé devivre aux Etats-Unis ». Voici ce qui, selon moi, résume quelques-uns des traits les plus marquants des Américains.

1. Attitude envers les enfants : entre adoration et hyper exigence
Les Américains adorent les enfants. J’en ai déjà parlé dans de nombreux articles. Ils ont toujours un mot gentil pour eux (surtout pour les plus jeunes) et savent se mettre à leur niveau (au propre comme au figuré). L’expression même de « child friendly » prend tout son sens aux Etats-Unis.
Pourtant il y a aussi une hyper exigence à l’endroit des enfants. J’ai mis un certain temps avant de l’identifier mais elle se manifeste sous différentes formes : tout se passe comme si les adultes avaient une image idéale du monde des enfants qu’ils n’aiment pas voir écornée. Un enfant (trop) agité est mal toléré (l’exemple du dessin animé « Caillou » dont j’ai déjà parlé est assez probant et je vois encore aujourd’hui des parents dire tout le mal qu’ils pensent de ce « petit morveux » qui donnerait de mauvaises idées et habitudes à leurs enfants). Dans la cour de récré (quand récré il y a) ou au parc, il est strictement interdit et très mal vu pour les enfants de se chamailler, chahuter, etc. C’est comme si là où en France on considère l’enfant certes comme une personne à part entière mais « imparfaite » qu’il faut éduquer et à qui il faut apprendre les « bonnes manières », aux Etats-Unis on idéalise l’enfant qui porte déjà la « perfection » en lui, alors les déceptions sont plus dures à tolérer…
On peut aussi vérifier ce fait dans les livres pour enfants. Aux USA j’ai généralement vu des livres pour enfants (surtout les plus petits) remplies de jolies histoires et de bons sentiments. Alors qu’en France on peut trouver plus facilement des livres avec des histoires aigres-douces, où la fin est plus mitigée, et où l’enfant peut être un être imparfait.
J’ai par exemple acheté récemment un livre pour ma fille de 3 ans au titre prometteur « donner c’est donner » dans une collection d’histoires avec comme personnages principaux un petit lapin et sa famille. Mes enfants ont déjà plusieurs livres de cette collection qui certes montre les imperfections et les sentiments mitigés des enfants, mais finissent généralement bien et sont très adaptés aux premières lectures. Or lorsque nous avons lu l’histoire à la maison, j’ai eu la surprise de la voir terminer sur l’évocation d’une crotte de nez collée dans la voiture échangée entre les 2 copains ! Beurk ! Ma fille de 3 ans a adoré, elle qui, toute frêle et adorable qu’elle est se délecte actuellement d’entendre ou de répéter « caca, boudin, prout » et en rit à gorge déployé ! Je sais d’expérience que d’ici quelques semaines ou quelques mois cela va lui passer, et avec mon mari nous adoptons une moue qui devrait à la fois lui montrer qu’on n’est pas fans de ces termes sans la culpabiliser pour autant. Je suis à peu près certaine que ce genre de livres seraient plus difficiles à trouver aux Etats-Unis (en tout cas je n’en ai pas vu ni en librairie, ni en bibliothèque).
2. L’absence de jugement et une moindre pression

 

Aux USA on a la liberté d’avoir l’apparence qu’on veut, faire à peu près ce qu’on veut, quand on veut et généralement tout le monde s’en fiche ! C’est d’ailleurs au départ un peu déstabilisant ! On est moins « contenu » dans les normes sociales.
Pour les Français qui vivent aux Etats-Unis cela est soit séduisant, soit source de moquerie. J’ai de nombreuses fois lu ou entendu des compatriotes moquer les femmes en tailleur se déplacer dans les transports en commun ou dans la rue en baskets ou autres chaussures confortables, non accordées à leur tenue (elles privilégient le confort et elles se changent au pied de leur immeuble de travail). On cite aussi régulièrement les mères de famille qui déposent leurs enfants à l’école habillées en jogging, voire font les courses habillées de leur manteau duquel dépasse leur pyjama… Une chose est sure : en France ce serait inconcevable.
3. Le sens de la fête et des célébrations

 

Aux Etats-Unis on aime faire la fête et une fête chasse l’autre ! Ça va vite et c’est parfois déconcertant. Il y a de nombreuses fêtes et célébrations dans une année : St Valentin (fête de l’amour ET de l’amitié, largement fêté et pas seulement par les amoureux), Black History Month (pendant tout le mois de février), St Patrick (pour ceux qui y tiennent), Pâques, fête des mères, Memorial Day, fête des pères, la fête nationale, Labor Day, Halloween, Veterans Day, Thanksgiving, Noël et Nouvel An voire d’autres fêtes nationales et communautaires (Hanoukka, Ramadan, Nouvel An chinois, Norouz ou Equinox de printemps, etc.). Je me rappelle par exemple qu’à la radio on passait des chansons de Noël dès le lendemain de Thanksgiving (et il y en a une quantité impressionnante) mais le 25 décembre, plus rien ! On était passé à la suite.
En France aussi une bonne partie (mais pas toutes) des fêtes que je cite ci-dessus sont marquées au calendrier. Mais la différence est que beaucoup d’entre elles ne sont pas vraiment fêtées. Cela permet surtout d’avoir des jours fériés. Alors qu’aux USA l’état d’esprit est festif. Et tout ou presque est prétexte à la fête.
On note aussi cet état d’esprit festif à l’école : il y a la fête pour le 101ejour d’école (« 101 days of school », en CP), les festivités de la dernière semaine d’école (où on se déguise sur un thème différent chaque jour), Pi Day (3.14 ou le 14 mars et la fête des Maths), Columbus Day (commémoration de la « découverte » du continent américain par Christophe Colomb, plus controversé et parfois l’occasion aussi de célébrer les peuples amérindiens occupant auparavant le continent), le 1e avril « April Fool’s Day » largement fêté, « Library Week » et la fête de la lecture, etc.
4. La bonne humeur et la gentillesse

 

La bonne humeur et la gentillesse sont aussi contagieuses. Bien-sûr les Américains ont aussi des hauts et des bas, mais ils ont comme devise sociale « fake it until you make it » ! Certes ça a ses limites mais au moins les gens font moins « la tête » qu’en France par exemple.
5. La gratitude

 

J’ai déjà relevé dans d’autres articles l’importance de la « gratitude » aux Etats-Unis. Je suis toujours étonnée de tomber sur ce mot au détour d’un article, sur des sujets les plus inattendus. Les Américains sont globalement plus croyants et moins dépendants de l’Etat que les Français, et de ce fait pensent plus à redonner une partie de ce qu’ils ont reçu… En France ce terme a un côté religieux ou implique une dette ressentie vis-à-vis de quelqu’un mais pas là-bas (en tout cas c’est plus culturel que religieux). Cela conduit je crois à leur bien-être car se remémorer les aspects positifs de sa propre vie, ça met de bonne humeur !
6. Le don et la générosité

 

Le don et la générosité font partie du quotidien des Américains. On fait souvent appel aux dons et tout le monde y participe. De ce fait la société est moins dure qu’on ne l’imagine, car justement les lacunes de l’Etat (vues de la France) sont en partie comblées par le soutien et la générosité de tout un chacun.
7. S’amuser, « have fun »

 

Est-ce que les Américains recherchent plus le plaisir et l’amusement dans la vie que les Français ? Peut-être (j’ai même envie de dire sûrement). En tout cas ils en parlent bien plus. Quand on parle d’une activité, d’une sortie, les gens (aussi bien le présentateur radio que la copine ou même le vendeur dans le magasin) vous disent ” have fun!”. Je me souviens par exemple (un exemple parmi tant d’autres) de cette caissière de parking près d’un centre d’activité pour enfants qui au moment de payer et partir m’a dit : “how was your day today? Did you have fun?” et à la fin “have a good rest of the day” !!! J’avoue que cela ne m’est jamais arrivé au moment de quitter un parking en France.
8. Travailler dur, être « hardworking »

 

C’est aussi un concept très important et je dirais le pendant du précédent… « Have fun », oui, mais en travaillant dur et en se donnant à fond. Combien de fois j’ai entendu « un tel est hardworking » comme nous dirions, nous, « c’est un gars bien » ! Alors qu’en France persiste le mythe du génie, celui qui réalise les choses sans effort, « avec élégance »… ici on encourage le travail. Cette fascination pour la réalisation sans effort est je crois assez spécifique à la France. Travailler dur est souvent synonyme d’être laborieux … D’autres cultures que je connais ne promeuvent pas ainsi le « génie » et son corollaire, le manque de travail. Ici non plus.
9. « Community », « share », « care »

 

Aux Etats-Unis il est assez facile d’intégrer une ou plusieurs « communities » (ou cercles de personnes ayant des centres d’intérêt communs). En France on fait souvent le contre-sens de qualifier les Américains d’individualistes, alors que c’est le système (d’emploi, de santé, etc.) qui l’est et non les personnes.
Il y a des mots qui vont avec ce concept : « share » est l’un d’eux. On dit souvent “thank you for sharing this with me/us” là où en France on dirait “c’est intéressant” ! L’américain est sur le registre intimiste alors que le français garde ses distances et est plus dans l’intellect (cela nous vient-il de Descartes ?!). D’ailleurs les échanges sont par construction linguistique plus intimiste : là où on dirait en américain “do you have a question for me, can you do this for me ?” on dirait en français « avez-vous des questions ? Pouvez-vous faire ceci ? ».
« Care » est un autre mot/concept important. Je me souviens qu’il y a quelques années le parti socialiste et sa secrétaire générale Martine Aubry avaient lancé le concept “care” comme un slogan de campagne. C’était censé être novateur, en jouant sur le double sens de care : 1) soins (en référence à la Sécurité Sociale et la gratuité des soins) et 2) se soucier des autres. Ici c’est bien plus commun et quotidien !
10. Gagner de l’argent, faire des affaires

 

Dire que les Américains sont à l’aise avec la notion de l’argent est une banalité. Quelques jours après notre état des lieux notre propriétaire était de passage pour des paperasses. On venait de faire des courses et il a vu que nous étions allés dans un certain magasin. Il s’est empressé de nous dire “allez plutôt à Walmart, tout est tellement moins cher là-bas et surtout dans le super grand supermarché qui se trouve à Cockeysville. Nous, on y va une fois toutes les 2 semaines et vraiment I save a lot of money“. Et malgré cela (ou peut-être grâce à cela) il a une très belle maison qui doit valoir un chiffre avoisinant le million de $… Quant à Walmart, on y est allé, et on n’a pas aimé, et des amis nous ont dit ensuite que Walmart traîne une assez mauvaise réputation, comme étant fréquenté par des rednecks, en quelque sorte des « ploucs »… Qu’importe, la phrase save money me fait toujours réagir et sourire, je pense à “sauvons l’argent” comme dans “Il faut sauver le soldat Ryan”, comme on dirait d’un ami ou d’un collègue qu’il faudrait secourir.
J’ai aussi rencontré un jour un médecin qui était parti en Inde d’où étaient originaires ses parents. Il m’a expliqué y être parti “bien-sûr pour gagner de l’argent mais aussi pour servir et aider mon pays d’origine”. Cette approche décomplexée de l’argent fait qu’on peut discuter argent, que ce soit pour « fundraising » (collecter de l’argent) ou pour demander un rabais (lorsque ça se justifie) sans offusquer personne.
11. S’épauler, être « supportive »

 

Je trouve qu’il n’y a pas d’équivalent exact pour ce mot. « Be supportive », c’est le soutien, oui mais le soutien inconditionnel, qu’on doit à ses proches (amis, famille). On attend des proches qu’ils soient « supportive », et je trouve que les Américains accordent leur soutien inconditionnel à un cercle de proches plus large que les français, en général.
12. Vivre au superlatif, être dans l’ « excitement »
Cette notion est sûrement à lier avec le « have fun ». Mais je pense qu’elle vient aussi de l’aptitude des américains à vivre dans les extrêmes. Le café, le thé ou la soupe sont « hot » (brûlants et pas seulement chaud, « warm », comme souvent en France), l’eau ou la température réglée sur la clim sont « cold »(autrement dit vraiment glacées) et les individus ne sont pas contents, ni très contents, ils sont « excited ». D’ailleurs avez-vous remarqué que les français installés aux Etats-Unis font parfois cet anglicisme (“je suis excité” ou “super excité”) et comme ce mot sonne presque sexuel en français ?
13. Se conformer, être « compliant »
Que ce soit dans les administrations ou à l’école ou à l’hôpital (en fait devant toute autorité) les américains sont « compliant ». Même au travail nous trouvons qu’il y a un respect du chef beaucoup plus grand qu’en France. Non pas que le français soit tête-brûlé et contredise sans cesse et ouvertement, mais il aime bien montrer qu’il ne se soumet pas tout de suite et pas totalement. Ici, rien de tout ceci. On attend de vous d’être « compliant » et si toi, l’étranger qui n’a pas compris le concept, tu ne l’es pas trop ouvertement, tu peux vraiment t’attirer des ennuis !

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.