Bien vivre ensemble

« Désolé, ce sont les restrictions budgétaires »

 



 

 

Hier c’était l’anniversaire de notre rencontre, à mon mari et moi. Et en plus un chiffre rond. On a beau dire, les chiffres ronds marquent. Alors on avait pris notre après-midi pour déjeuner ensemble et passer du temps ensemble. So romantic.

 

 


Sauf qu’on a dû passer une partie de l’après-midi au Centre fiscal dédié aux amendes. Beaucoup moins romantique ! En effet, notre compte bancaire est partiellement bloqué depuis quelques jours. Je l’ai remarqué sur notre compte en ligne et j’ai d’abord cru à un bug. Mais après avoir passé du temps au téléphone avec la hotline, puis m’être déplacée, je me suis rendue compte que notre compte était bloqué à la demande des impôts ! A cause de « monsieur » ! Pour un montant de 33 euros ! Pour une amende non payée !

 

 
 

 

J’ai tout de suite averti mon mari qui était aussi surpris que moi. Nous avons changé d’adresse administrative il y a quelques mois, après avoir fait suivre notre courrier par la poste pendant quelque temps. Entre temps mon mari avait eu 3 PV de stationnement (il est très difficile de se garer dans le Vieux Lille où nous habitons et les contractuels ont la main très leste…) Mais sur mon insistance il avait contacté le numéro de téléphone de renseignements concernant les amendes et on lui avait dit de ne rien faire, que les courriers allaient suivre. Sauf qu’on n’a rien reçu. Du coup hier après-midi nous avons mis à profit notre après-midi « en amoureux » pour aller au Centre fiscal des amendes.

 

 
 

 

Et là, après avoir fait la queue derrière les guichets en plexi monté jusqu’au plafond, très à la mode des années 70, l’agent derrière son guichet bunkerisé nous a confirmé qu’il s’agissait d’une amende de 17€, majorée. J’avoue, j’étais furieuse, car le compte joint était du coup bloqué, ainsi qu’une saisie demandée également auprès de son employeur ! Tout ça pour TRENTE-TROIS EUROS ?! C’est là que l’agent nous a dit : « je sais, ça surprend, mais ce sont les restrictions budgétaires. Tout est informatisé, ça part directement, nous ici ne sommes qu’en bout de chaîne ». Elle a écouté notre histoire (notamment les « conseils » donnés par téléphone par le service des Amendes) et nous a conseillé d’écrire pour une remise de la pénalité (soit) mais surtout de payer tout de suite sur place sinon l’affaire allait durer un certain temps. Et tant qu’à faire, ramener nous-même la « mainlevée » à la banque et à l’employeur car ça allait leur être envoyé par courrier « en tarif lent ». La banque n’aurait donc reçu la mainlevée que dans 5 jours environ. Donc nouvelle virée, cette fois à la banque pour leur rapporter le précieux document …

 

 
 

 

Elle nous a aussi confirmé que cette façon de faire était une décision locale du département de Lille, et que ce n’était peut-être pas le cas partout dans le pays.

 

 
 

 

Cet incident m’a fait penser à deux choses auxquelles je pense à chaque nouveau problème avec un Service Public :

 

 
  
d’abord, les Services Publics ne sont plus ce qu’ils étaient

 

Je sais, cette affirmation fait très « c’était mieux avant ». Mais il y a des coupes budgétaires partout : il y a un an j’avais un RV à l’hôpital. Le jour j (que j’avais attendu pendant plusieurs mois), j’avais pris une baby-sitter pour ma fille qui n’allait pas à la crèche ce jour-là, je me suis déplacée à l’autre bout de la ville mais une fois sur place, on m’a informée que le RV était annulé ! Devant mes protestations, la secrétaire m’a dit « mais on vous a envoyé un courrier » avant de continuer « bon, par tarif lent » ! Du coup je ne l’avais pas encore reçu. Et pourquoi ils ne m’avaient pas appelée ? « Oh non, on ne fait plus ça, on envoie un courrier en tarif lent ». Tant pis pour mes dépenses en temps et en argent, eux avaient économisé de l’argent.

 

 
 

 

De même, dans un des appartements mitoyens à notre maison il y a régulièrement des fêtes : des étudiants occupent l’appartement et font du bruit bien comme il faut… Quant à nous, nous avons des enfants qui dorment et même si on essaie d’être patients, passé une certaine heure on n’en peut plus. La dernière fois que nous avons appelé la police, on nous a encore répondu « on n’a qu’une seule équipe qui est déjà occupée. Si rien ne change d’ici UNE HEURE, rappelez-nous, on verra ce qu’on peut faire » ! Et les rares fois où nous avons appelé la police nous avons reçu la même réponse.

 

 
 

 

Ce n’est pas forcément la faute des agents. Certains sont même vraiment de bonne foi. Je ne sais pas s’il faut plus de fonctionnaires ou s’il faut vraiment changer de système. Je ne tiens pas à faire de cet article un pamphlet politique ni dans un sens ni dans l’autre. Je dis juste que la qualité des services rendus par certains des services publics se dégrade régulièrement.

 

 

ensuite, « l’égalité des citoyens face à la loi, l’Etat et ses représentants » est souvent un vœu pieux qui n’a pas de réalité

 
 

 

Comme l’a confirmé cet agent du service des Amendes, chaque « département » des services publics est en partie indépendant sur son territoire et on n’est pas forcément traité de la même manière à Lille, à Paris ou dans une autre ville. D’ailleurs avant de vivre à Lille, nous avons vécu plusieurs années en banlieue parisienne et les choses y étaient plus faciles. Peut-être que tout s’est dégradé partout sur le territoire national en quelques années. Ou peut-être qu’il y a particulièrement des problèmes à Lille.

 

 
 

 

Notez que la particularité locale et territoriale ne me choque pas en soi. Aux Etats-Unis par exemple chaque Etat, voire chaque ville a une grande autonomie sur beaucoup de sujets. C’est affiché et accepté par tous. C’est un fait.

 

 
 

 

Ce qui me chagrine ici en France, c’est moins les différences locales et territoriales que le décalage entre la devise républicaine et la réalité du terrain. On reçoit souvent à ses protestations un laconique « c’est la loi » et on n’a même pas droit à une bienveillance et une compréhension de proximité, d’être humain à être humain.
 
 

 

 

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